Une convocation qui sème le doute sur les relations technologiques sino-américaines
Les autorités chinoises ont convoqué Nvidia afin de discuter de potentielles failles de sécurité liées à sa puce H20, relançant les tensions autour de la présence du géant américain sur le marché chinois. Cette démarche intervient quelques semaines seulement après la visite remarquée du cofondateur de l’entreprise, Jensen Huang, à Pékin, où il avait rencontré de hauts responsables et salué les avancées chinoises en matière d’intelligence artificielle.
Des accusations de vulnérabilités et de surveillance à distance
L’Administration chinoise du cyberespace (CAC) a organisé une réunion avec des représentants de Nvidia pour évoquer des vulnérabilités jugées sérieuses dans les puces H20, destinées aux applications d’intelligence artificielle. Selon un communiqué, les régulateurs ont demandé à Nvidia de fournir des explications détaillées et des documents techniques sur des risques potentiels, notamment la possibilité que ces puces puissent contenir des « portes dérobées » permettant leur désactivation à distance ou la localisation des utilisateurs. Des informations attribuées à des experts américains de l’IA auraient motivé cette initiative.
Un contexte politique et économique tendu entre les deux puissances
Cette annonce intervient alors que des responsables chinois et américains viennent de se rencontrer à Stockholm pour prolonger leur trêve tarifaire, un geste qualifié par la presse d’État chinoise de renforcement de la « confiance mutuelle ». Pourtant, cette convocation relance les inquiétudes sur les ambitions technologiques de la Chine et les restrictions américaines à l’exportation.
Parallèlement, l’examen mené par la CAC pourrait retarder la reprise des ventes de la puce H20 sur le marché chinois. Pour Charlie Dai, analyste principal chez Forrester, cette incertitude réglementaire pourrait fragiliser davantage la position de Nvidia face à une concurrence locale de plus en plus affirmée, tout en renforçant les efforts de la Chine pour développer des alternatives nationales dans un objectif d’autonomie technologique.
Un revirement politique autour de l’exportation de la puce H20
La puce H20, bien que n’étant pas le modèle le plus performant de Nvidia, est particulièrement prisée par les entreprises chinoises spécialisées dans l’IA. Début juillet, Jensen Huang avait réussi à convaincre l’administration Trump de lever les restrictions sur les ventes de cette puce à la Chine, revenant sur une politique de plusieurs années visant à freiner les avancées technologiques et militaires de Pékin.
Au cours de ces dernières semaines, Huang s’est entretenu avec des responsables de haut niveau à Washington comme à Pékin, plaidant pour la nécessité de maintenir une présence commerciale forte en Chine pour rester compétitif à l’échelle mondiale.
Des avertissements persistants du côté américain
Des anciens membres influents de l’administration Biden ont toutefois exprimé leur inquiétude quant à une levée des restrictions sur les ventes à la Chine, estimant qu’un tel geste pourrait offrir aux entreprises chinoises un avantage irréversible dans la course mondiale à l’intelligence artificielle.
En parallèle, Donald Trump a récemment présenté une stratégie en matière d’IA recommandant notamment l’intégration de systèmes de localisation dans les puces exportées afin d’empêcher qu’elles ne tombent entre les mains d’« adversaires étrangers ». Une proposition de loi allant dans ce sens a également été introduite au Congrès américain en mai dernier.
Un avenir incertain pour Nvidia en Chine
La réaction des marchés ne s’est pas fait attendre : les actions de plusieurs fabricants de puces chinois, tels que Semiconductor Manufacturing International Corp. ou Cambricon Technologies Corp., ont bondi de plus de 5 % à la suite de l’annonce du CAC. Nvidia, de son côté, n’a pas répondu immédiatement aux sollicitations de la presse, mais son titre a progressé de 2,5 % sur la plateforme Tradegate en Allemagne, soutenu par les bons résultats de Meta et Microsoft.