L’agriculture, pilier économique du Dakota du Nord, est aujourd’hui confrontée à une crise majeure : une pénurie critique de main-d’œuvre. Pour surmonter cet obstacle, les exploitants se tournent massivement vers l’agriculture autonome, une solution technologique qui transforme radicalement le secteur.
La technologie autonome à la rescousse des agriculteurs
Avec un taux d’adoption des technologies agricoles de 57 %, le plus élevé des États-Unis, le Dakota du Nord est à la pointe de l’innovation. Dans les fermes de la région, des machines effectuent désormais le travail avec une intervention humaine minimale, voire inexistante.
« L’un des plus grands défis pour les agriculteurs est de trouver de la main-d’œuvre, et surtout de la main-d’œuvre qualifiée et bien formée », explique Kevin Biffert, fondateur et PDG de 701x, une entreprise spécialisée dans ce domaine.
L’innovation se manifeste de manière concrète dans des exploitations comme Missouri River Feeders. Là-bas, de petites balises jaunes attachées aux oreilles du bétail surveillent en continu l’état de santé de chaque animal. « L’investissement peut sembler important au départ, mais il est vite rentabilisé. Si vous parvenez à sauver trois, quatre ou cinq bêtes par an, l’équipement est déjà payé », affirme Dan Price, le propriétaire de l’exploitation.
Face à la hausse des coûts d’exploitation et à la difficulté de recruter du personnel compétent, l’agriculture autonome est devenue une véritable bouée de sauvetage. « La technologie est aujourd’hui si performante que l’on peut sérieusement envisager de réduire les effectifs », admet Cole LaMontagne, contrôleur au sein de Missouri River Feeders.
Dans un secteur où les marges bénéficiaires sont extrêmement faibles et la main-d’œuvre rare, l’agriculture autonome — qui inclut également l’usage de drones et de tracteurs sans conducteur — ne fait pas que moderniser les pratiques agricoles : elle assure son avenir.
Un soutien fédéral pour encourager les circuits courts
Parallèlement à cette révolution technologique, le gouvernement fédéral déploie des initiatives pour soutenir le secteur agricole. Le ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA) a annoncé un investissement pouvant atteindre 18 millions de dollars dans son programme de subventions « De la ferme à l’école » (Farm to School). L’objectif est de rapprocher les producteurs locaux des programmes de nutrition infantile.
Lancé en 2013, ce programme connaîtra pour l’année fiscale 2026 une dotation record. Cette annonce intervient en même temps que la publication d’un rapport du secrétaire à la Santé et aux Services sociaux, Robert F. Kennedy Jr., appelant à intégrer davantage d’aliments complets et non transformés dans l’alimentation des enfants.
« Ces subventions sont l’un des meilleurs moyens de fournir des repas nutritifs et de haute qualité aux enfants, tout en renforçant l’agriculture locale », a déclaré Brooke Rollins, la secrétaire à l’Agriculture. « Elles ouvriront de nouvelles portes aux petites exploitations familiales, amélioreront l’accès à une alimentation saine dans les écoles et inspireront la prochaine génération de grands agriculteurs américains. »
Les agences d’État, les organisations tribales, les producteurs et les associations peuvent demander des subventions allant de 100 000 à 500 000 dollars. Les projets éligibles doivent viser à intégrer des aliments locaux dans les cantines, à former les producteurs aux normes de sécurité alimentaire, ou encore à financer des programmes éducatifs comme des cours de nutrition ou la création de potagers scolaires.
Une initiative jugée insuffisante par les acteurs du secteur
Cependant, cet investissement, bien que positif, est perçu par certains comme insuffisant. En effet, ces 18 millions de dollars contrastent fortement avec les milliards alloués durant la pandémie via des programmes d’aide, tels que Local Food for Schools et Local Food Purchase Assistance. Ces programmes, qui soutenaient massivement l’achat de produits locaux par les écoles et les banques alimentaires, ont été brusquement annulés en mars dernier, quelques mois seulement après l’annonce d’une reconduction de plus d’un milliard de dollars.
Pour Tommy Hexter, directeur des politiques à l’Iowa Farmers Union, cette nouvelle enveloppe ne compense pas la perte des dispositifs précédents. Selon lui, les programmes annulés fournissaient un « soutien gouvernemental vital » aux agriculteurs et à l’ensemble du système alimentaire local, en tissant des liens durables entre producteurs et communautés.