L’attention des investisseurs est tournée vers Micron Technology, dont les résultats seront publiés ce mardi après la clôture de la bourse. Après une hausse spectaculaire de 40 % en septembre, le marché cherche à savoir si la valorisation du fabricant de puces mémoire n’est pas devenue excessive et si elle est justifiée par des perspectives de croissance solides.
Une performance boursière spectaculaire alimentée par l’IA
Wall Street anticipe que Micron présentera des prévisions très optimistes, notamment pour ses puces de mémoire à large bande passante (HBM), un composant essentiel dans le déploiement des infrastructures dédiées à l’intelligence artificielle. Cette demande croissante est soutenue par les investissements massifs d’acteurs majeurs comme Oracle, qui a réaffirmé ses engagements de dépenses dans l’IA, ou encore Nvidia, qui investit dans OpenAI.
Cet engouement pour l’IA a propulsé des segments technologiques habituellement plus discrets, comme la mémoire et le stockage, au centre de l’attention. En conséquence, des entreprises comme Seagate Technology, Western Digital et Sandisk ont également connu des progressions boursières importantes en septembre. Pour Micron, cette performance mensuelle est en passe de devenir la plus forte depuis décembre 2009. La question demeure : cette euphorie est-elle durable ?
Des prévisions financières sous haute surveillance
C’est pourquoi les prévisions que publiera l’entreprise sont si attendues. « Tout repose sur les prévisions, et toute annonce supérieure au consensus serait accueillie par des applaudissements unanimes », explique Daniel Morgan, gestionnaire de portefeuille senior chez Synovus Trust. « Le fait que les entreprises de stockage connaissent une telle embellie montre à quel point l’IA agit comme un catalyseur pour des secteurs qui, en temps normal, ne bénéficieraient pas forcément d’un tel cycle. »
Pour son quatrième trimestre fiscal, clos le 31 août, les analystes s’attendent à ce que Micron annonce un bénéfice par action (BPA) net de 2,65 pourunchiffred′affairesde11,2milliardsdedollars.Unenetteameˊliorationparrapportaux0,79 de BPA et 7,8 milliards de dollars de revenus de l’année précédente. Pour l’ensemble de l’exercice fiscal, le BPA est projeté à 7,42 pourunchiffred′affairesde37milliardsdedollars,contre0,70 et 25 milliards en 2024. Il y a un an, la publication des résultats avait déjà marqué un tournant, provoquant la meilleure séance boursière pour le titre en 13 ans grâce à des perspectives très encourageantes. Les investisseurs veulent maintenant s’assurer que ce rythme de croissance peut être maintenu.
L’optimisme des analystes conforte les investisseurs
En amont de cette publication cruciale du 23 septembre, les analystes affichent leur confiance. L’un des signaux les plus forts provient de la banque d’investissement Susquehanna, où l’analyste Mehdi Hosseini a relevé son objectif de cours sur le titre de 160 $ à 200 $, tout en maintenant une recommandation « Positive ».
Le cabinet s’attend non seulement à ce que Micron dépasse les attentes et relève ses prévisions, mais il anticipe également des commentaires de la direction soulignant que le prix de vente moyen et la marge brute resteront solides et continueront de s’améliorer jusqu’en 2026.
Les raisons d’une confiance à long terme
Alors que certains investisseurs s’inquiètent d’une potentielle baisse des prix de la mémoire HBM en 2026, Susquehanna se dit en « profond désaccord » avec ce point de vue. Le cabinet justifie sa position par la réorientation stratégique de Micron vers des produits à plus forte valeur ajoutée, tels que les puces HBM, GDDR7, LPDRAM et les SSD d’entreprise (eSSD).
L’analyse met en avant une évolution technologique clé : le passage d’empilements de 8 puces en 2025 à des empilements de 12 puces en 2026. Cette innovation devrait permettre à la future génération HBM4 d’atteindre un prix de vente moyen supérieur d’au moins 50 % à celui de la HBM3E actuelle. Enfin, la discipline en matière de dépenses d’investissement dans l’ensemble du secteur et la priorité donnée par Micron à la rentabilité plutôt qu’aux parts de marché amènent le cabinet à prévoir un bénéfice par action trimestriel de 5 $ d’ici la fin de l’année 2026.