Des vergers de New York aux plantations d’agrumes de Floride, les agriculteurs américains font face à des conditions météorologiques de plus en plus extrêmes. Entre sécheresse, vagues de chaleur et maladies, la résilience et l’innovation sont devenues essentielles pour préserver les récoltes.
New York : un été en demi-teinte pour les producteurs de pommes
Dans l’État de New York, deuxième plus grand producteur de pommes du pays, l’été a été marqué par une chaleur intense et un manque de pluie prolongé. Pour des exploitants comme Laura Ten Eyck, de la ferme Indian Ladder Farms, cette météo a eu des conséquences contrastées.
Selon elle, le système d’irrigation est devenu indispensable. « Nos jeunes arbres et nos vergers en espalier sont tous irrigués, nous pouvons donc les abreuver », explique-t-elle. « Quant à nos arbres plus anciens, leurs racines sont si profondes que l’impact de la sécheresse est moins important que pour des cultures comme le maïs. »
Heureusement, un printemps humide a permis d’éviter une sécheresse catastrophique. Cependant, la combinaison d’un été sec et chaud présente un autre risque : les coups de soleil sur les fruits. « Lorsque les branches sont taillées et que les pommes sont trop exposées au soleil, des cicatrices d’échaudure peuvent apparaître sur la peau », précise Laura Ten Eyck.
Paradoxalement, cette chaleur a aussi un avantage notable. Le temps sec concentre les sucres dans les fruits, les rendant plus savoureux. « Lorsqu’il pleut trop, les pommes grossissent excessivement, leur teneur en sucre se dilue et leur goût est moins prononcé », ajoute-t-elle. C’est donc un équilibre délicat à trouver.
Après une récolte 2023 décimée par un gel tardif et une année 2024 exceptionnellement abondante, les agriculteurs s’attendent cette année à une production plutôt standard.
En Floride, la filière agrumicole menacée par la maladie et les ouragans
Plus au sud, en Floride, le secteur des agrumes fait face à des défis d’une tout autre ampleur. La principale menace est la maladie du dragon jaune (huanglongbing, ou HLB), une bactérie qui a drastiquement réduit les rendements et augmenté les coûts de production. À cela s’ajoutent des stress environnementaux récurrents, comme les ouragans. L’ouragan Milton, par exemple, a causé des millions de dollars de pertes agricoles.
C’est dans ce contexte difficile qu’Edwin Gutierrez, un nouvel expert en agrumes, a pris ses fonctions en juillet dans les comtés de Manatee, DeSoto et Hardee. Originaire des plaines agricoles de Colombie, il a grandi au cœur des défis du monde rural.
« J’ai grandi dans une famille d’agriculteurs, ma passion pour ce secteur est ancrée dans les pratiques de culture et de recherche qui ont jalonné mon parcours », confie-t-il.
Un nouvel expert pour insuffler l’optimisme et l’innovation
Malgré la situation critique, Edwin Gutierrez se montre optimiste. « Je crois en la résilience des producteurs locaux et au potentiel de l’innovation. Mon objectif est de promouvoir une culture de l’enseignement et de l’apprentissage mutuel. »
Titulaire d’un diplôme d’ingénieur agronome de l’Université de Llanos en Colombie, d’un master en horticulture de l’Université Fédérale de Rio Grande do Sul au Brésil et d’un doctorat en agronomie de l’Université d’État de São Paulo, il a plus de quinze ans d’expérience dans la recherche et l’industrie. Avant de prendre son poste, il a travaillé comme chercheur postdoctoral au Centre de recherche et d’éducation tropicale de l’UF/IFAS (Institut des sciences de l’alimentation et de l’agriculture de l’Université de Floride).
Ses priorités sont claires :
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Renforcer la collaboration avec les producteurs, les équipes de l’UF/IFAS et les organisations partenaires, tant locales qu’internationales.
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Lutter contre la maladie HLB en mettant en œuvre des stratégies basées sur la recherche, comme l’adoption de variétés plus tolérantes et l’amélioration des pratiques nutritionnelles des plantes.
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Développer la formation des agriculteurs en leur fournissant les dernières avancées et les meilleures pratiques pour la production d’agrumes.
« J’ai été particulièrement attiré par l’opportunité de travailler avec les producteurs de cette région, en collaboration avec le réseau de recherche de classe mondiale de l’UF/IFAS », conclut-il. « Je suis convaincu que mon expertise peut avoir un impact significatif pour aider l’industrie des agrumes à surmonter ses difficultés. »